Notre Afrique : l’expérience de volontariat de Vittoria en Zambie

Vittoria est une jeune photographe, née en 1993, qui a grandi à Montecerignone, dans les Marches. En janvier 2017, elle est partie en Afrique avec l’association « Noi per Zambia » pour un projet de volontariat qui œuvre sur le continent africain depuis 1994. Il s’agit de la deuxième partie de son interview, la première pouvant être lue ici.

Vous avez dit que vous n’avez pas cédé à la peur ou au doute avant de partir. Mais une fois arrivée en Zambie, vous êtes-vous sentie seule ?

On n’était pas seul, les enfants du centre nutritionnel ne nous ont jamais permis de nous sentir seul. Notre seule crainte était de ne pas pouvoir être nous-même en présence d’adultes, de trouver des gens qui ne comprenaient pas ce qu’on était. Mais on a rapidement changé d’avis. En peu de temps, on a trouvé notre « famille de voyage », et on l’a compris quand on a réalisé que dans la maison où nous logions, une sorte de routine s’était créée, cette série de petites habitudes qui ne naissent que dans un environnement vraiment familier.

Qu’est-ce que ce voyage a signifié pour vous ? Qu’avez-vous ramené avec vous ?

A notre retour, on a beaucoup souffert de l’absence des personnes qui nous avaient accompagné durant ce mois. On doit dire que, dès le début, on n’a pas exagéré avec ces attitudes de « mal d’Afrique », parfois moralisatrices, qui caractérisent souvent ceux qui reviennent de ce pays. La vérité, c’est que lorsqu’on revient à la vie quotidienne, on s’habitue rapidement à ses rythmes et il serait inutile de nier le contraire. Ce que vous pouvez faire, c’est essayer d’avoir quelques petites astuces dans le comportement, notamment dans l’utilisation de l’eau. Peut-être est-ce parce que, ces derniers jours, la citerne du village s’est rompue, ce qui a provoqué d’énormes problèmes d’eau. Il n’en reste pas moins qu’une fois de retour, ce qu’on ne supportait pas vraiment, c’est qu’on laisse le robinet ouvert quand on se brosse les dents.

Notre Afrique a des visages et des noms : Mary Mwanza, la petite fille de 3 ans aux yeux noirs et curieux, rencontrée au centre nutritionnel. Ettore, Daniele et Roberto, les trois volontaires avec lesquels on est parti. Maria Pia, l’âme de l’association, une femme concrète qui a donné sa vie à cette terre, choisissant d’y vivre en permanence. L’équipe de la clinique Cecilia dont la maternité est ouverte 24 heures sur 24. Les infirmières qui se sont occupées des vaccinations gratuites, du contrôle du poids des bébés, du suivi de tous les soins de ceux qui ont contracté le VIH.

Notre Afrique, ce sont les cris de joie des enfants, le centre nutritionnel où un repas complet leur est garanti chaque jour. Ce sont les sols irréguliers, les odeurs fortes de la terre rouge humide, les femmes portant des sacs de 25 kg sur leurs épaules le jour de la distribution de la farine. Ce sont les mains croûteuses et les pieds énormes des enfants, qui parcourent chaque jour plusieurs kilomètres pour se rendre à l’école, pieds nus ou avec des chaussures beaucoup plus grandes qu’eux.

Quelle était votre relation avec la photographie à votre retour de voyage ?

À notre retour d’Afrique, on n’a pas regardé les photos pendant presque un an. Pour les événements caritatifs où des fonds étaient collectés pour l’association, on n’a rien livré de plus que ce qui nous était spécifiquement demandé. Le matériel photographique avait été créé dans le but d’être diffusé, mais on s’est retrouvé profondément jaloux de mes clichés. On ne voulait pas les regarder à nouveau, et encore moins que d’autres les regardent. On n’était pas prête à partager ces moments avec qui que ce soit, comme s’ils pouvaient perdre leur authenticité. Puis finalement, ce blocage a disparu et à ce moment-là, on s’est sentie prête. Ces photographies n’étaient pas mes souvenirs mais des histoires. Maintenant on sait que les souvenirs sont les miens, les histoires peuvent être celles de n’importe qui.

Quels sont les projets futurs ?

Photographier l’Afrique nous a donné le sentiment d’avoir « faim » : de savoir, de voyager, de découvrir, de nous mettre au défi. Et grâce aussi à ce voyage, on apprend à gérer notre digestion lente, photographiquement parlant.

En décembre on a inauguré notre dernière exposition « Chai chai : a trip to India », où on a raconté avec mes photos les deux mois de sac à dos en Inde entrepris entre avril et juin de l’année dernière.

Maintenant, on rêve de nouvelles terres, de nouveaux visages et de nouvelles histoires. Et de pouvoir leur dire bientôt.